Les Ardennes, véritable berceau de l'aviation, découvrez d'illustres Ardennais devenus pionniers du ciel, aviateurs et constructeurs.
Elisée JULLIEN (1836 – 1886) naquit à Tourteron (08), il fut l’un des précurseurs de l’aviation. Outre les études menées afin de transformer les ballons en dirigeables, il construisit un aéronef et réussit, dix ans avant Clément ADER et vingt ans avant les frères WRIGHT, à faire voler sur plus de 30m « un plus lourd que l’air » propulsé. Il décèdera avant d’avoir pu présenter son œuvre à l’exposition internationale de 1889.
Albert CAQUOT (1881 – 1976), né à Vouziers (08), ce grand ingénieur du corps des ponts et chaussées et polytechnicien, réalise son année de service militaire dans un bataillon d’aérostiers du Génie. Il étudie la stabilité des ballons allongés et les étoffes de leur membrane. D’autres études suivront et donneront naissance à un ballon dont la supériorité technique est incontestable vis-à-vis des ballons Français et allemands en service jusqu’alors. Il sera surnommé la « saucisse CAQUOT » par les poilus. Devenu responsable technique de Chalais-Meudon, il met au point des modèles de ballons tractés par bateau afin de lutter contre les sous-marins. Il sera nommé le 11 janvier 1918 par Clémenceau, Commandant CAQUOT, directeur de la section technique de l’aéronautique. Par son expertise, il identifie un problème technique et modifie le nouveau moteur Hispano-Suiza qui équipe les avions Spad 220, permettant ainsi de relancer une production bloquée de 10000 avions. Il travaillera également sur l’hélice du Bréguet 14. En 1928, il devient Directeur technique général du Ministère de l’Air. Il pose les bases d’un « Musée de l’Air » et occupa ensuite plusieurs postes de directeur technique notamment afin d’organiser l’industrie aéronautique nationalisée Française.
Etienne RICHE (1883 – 1934), naquit à Charleville (08). Ce député et conseiller général Ardennais, chevalier de la Légion d’Honneur, s’intéressa particulièrement à l’aviation civile et militaire, ainsi qu’au développement de l’Aéronautique Française. Ayant notamment combattu dans une unité d’aviation durant la première guerre mondiale, il devient en 1932 Président de l’association des officiers de réserve de l’Aéronautique. Il affirme alors qu’il veut, au travers de ses mandats « sauver notre aviation » . Il entre à la commission de l’Aéronautique en 1929, en prend la présidence en 1933 et devient également président de l’Aéro-Club de France. Reconnu pour ses qualités au sommet de l’Etat, il sera nommé sous-secrétaire d’Etat à l’Air de de 1931 à 1932, puis à la Défense nationale en 1932. En 1934, il est victime de la maladie et décède à Paris. Le lieutenant-colonel A. Langeron déclara alors : « Un tel homme ne peut être remplacé, lui seul eût été capable de garder à la France sa place de grande puissance aérienne, lui seul possédait l’indépendance, la méthode et la foi ! L’équipe des Ailes décapitée retrouvera-t-elle un chef digne d’elle ? » Aujourd’hui il existe une fondation en la mémoire des frères Riché (Etienne & Philippe, aviateur abattu en 1940 à Tagnon (08)). Elle attribue notamment un prix en leur nom, afin de favoriser l’insertion professionnelle de jeunes dans les domaines de l’Aéronautique. Par ailleurs, l’aérodrome départemental des Ardennes porte son nom depuis 2017.
Adolphe CLEMENT (1885 – 1928), s’installa en 1894 à Mézières (08) où l’usine « La Macérienne » fût érigée (avec deux autres unités à Levallois-Perret et Tulle). Elles produisirent des pièces pour le cycle, l’automobile et l’aviation. En 1903, l’entreprise devient « Clément-Bayard ». Bayard fut adossé au nom de Clément avec l’autorisation du Conseil d’Etat, en raison de la présence de la statue du célèbre chevalier dans un square jouxtant la Macérienne, l’objectif étant de se démarquer de la firme Allemande Clément-Humbert-Gladiator. En 1908, Clément-bayard se lance dans la construction de dirigeables et d’aéroplanes. Le 16 octobre 1910, le « Clément Bayard II » fut le premier dirigeable à traverser la Manche. Ces dirigeables furent largement utilisés durant la première guerre mondiale, avant d’être surclassés par l’aviation.
Henri BREGI (1888 – 1917), naquit à Sedan (08), ingénieur électricien, il remporte le concours Lépine de 1908 avec un modèle réduit d’aéroplane. En 1909, il participe avec succès à la grande semaine de l’aviation de Paris, puis débute une tournée de meetings en Amérique du Sud. Spécialiste des avions Bréguet il relie en 1911, Casablanca à Fez, par Rabat et Meknès et ce sans ravitaillement. Son glorieux biplan sera exposé au conservatoire des Arts & Métiers à côté de celui d’Ader & Blériot. En 1917, il décèdera au large de Toulon, en service aérien commandé.
Jean GOBRON (1885 – 1945): Pilote et constructeur d’automobiles, il est rapidement attiré par l’aviation et réussit dès 1909 des vols d’essais. Il participe à de nombreux meetings dont la grande semaine de l’aviation de Champagne où il remporte de nombreux prix et obtient le brevet de pilote n°7. En 1910 un accident l’oblige à renoncer à l’aviation. Il restera un fervent passionné d’aviation et un propagateur de cette discipline dans les Ardennes, notamment dans la commune de Buzancy (08), dont il fût le maire durant de nombreuses années.
Roger SOMMER (1887 – 1965), vécut à Mouzon (08) où son père crée en 1880 une importante usine de feutre. Elève de l’école des Arts et Métiers de Chalons-sur-Marne, il s’illustre également pour ses qualités sportives en remportant des courses cyclistes. Il s’intéresse à l’automobile et construisit notamment une voiturette et un tricycle à pétrole, avant de se lancer dans l’aviation à partir de 1907. Il crée l’aérodrome de Douzy en 1908 et s’installe sur le camp de Mourmelon en 1909, achète une cellule à Henry FARMAN et la perfectionne en l’agrémentant d’un moteur VIVINUS de 40 Ch. Il réalisera son premier vol en juin 1909. Le 7 aout de la même année, il ravit à W. WRIGHT le record du monde de durée en vol en se maintenant en l’air 2h 27min et 15s ! Il participera dès lors à de nombreux meetings dans le monde entier et le Brevet de pilote n°29 lui est décerné. Il réalisera plusieurs records du monde, notamment de charge en emportant 12 enfants (454Kg) sur un biplan de sa fabrication. Ses conceptions aéronautiques réalisées dans les ateliers de Mouzon et Mourmelon sont reconnues de tous pour leur robustesse et leurs qualités (5 appareils au catalogue, dont deux modèles militaires). Il participera à l’effort durant les deux guerres en produisant des pièces pour l’aéronautique et s’abottera son usine d’Angers avant de cesser toutes activités à l’arrivée des Allemands en 1940. Un musée lui est consacré face à l’aérodrome de SEDAN-DOUZY « LFSJ ». L’aéroclub porte son nom.
Jean MERMOZ (1901 – 1936): Cette figure légendaire de l’aéropostale, fut le créateur aux prix d’efforts surhumains de l’aviation commerciale transocéanique. Celui que l’on surnommait « l’Archange », passa une grande partie de son enfance à Mainbressy (08). En 1934, il achète pour sa mère, le Château de Rocquigny (08). Ami d’Henri Guillaumet, ils voleront ensemble chez Latécoère. Il réalisera de nombreux exploits notamment dans la traversée de la Cordillère des Andes et de l’Atlantique-sud, prouvant ainsi que le courrier peut être acheminé par avion. Il disparaitra dans l’océan Atlantique le 7 décembre 1936, alors qu’il effectue sa 24è traversée transocéanique, à bord d’un hydravion quadrimoteur Latécoère 300 « Croix du sud ». Mermoz et son équipage seront cités à l’ordre de la nation à la demande du gouvernement de Léon BLUM.
Elisabeth LION (1904 – 1988) est née à Balan (08). Son oncle est le député des Ardennes Henri-François Gallois (militaire, avocat). Elle suit des cours de pilotage et obtient son brevet en 1934. Elle participera à la coupe H. Boucher entre Buc & Cannes. Elle obtiendra un brevet de transport aérien, alors que la France refuse les pilotes féminins dans ses compagnies. En 1937, elle effectuera un vol Paris – Berlin – Paris, définit un nouveau record féminin d’altitude à 6410m, dans un Caudron C.600; puis 4 jours plus tard, franchira deux autres records d’altitude (catégorie multiplace à 5 811 m et en catégorie des « 2 Litres » à 4 372m). En 1938, elle réalise un Tour de France sans escale en 10h 15min, un Paris – Tunis – Paris en 18h 15 min, puis elle devient détentrice du record féminin en ligne droite en réalisant un Istres-Abadan, soit 4 063Km. Elle sera décorée par le ministre de l’Air, des insignes de chevalier dans la Légion d’honneur. En 1944, elle intègrera sur demande du Ministre de l’Air le 1er corps de pilotes militaires féminins.
Colonel François HUSSENOT (1912 – 1951), cet ingénieur en Chef de l’Air, né à Mézières (08), est issu de l’école polytechnique et de l’école militaire d’application de l’aéronautique. Pilote d’essai et concepteur, il travaillera dans différents centres d’essais aéronautiques. On lui doit notamment l’invention des premiers enregistreurs de vol (les fameuses boites noires), à l’époque basés sur la prise de photographies. En 1946, il fonde l’École du personnel navigant (l’École du personnel navigant d’essais et de réception). En 1947, il créa la société SFIM (aujourd’hui intégré au groupe SAFRAN), spécialisée dans les appareils de mesures et notamment la construction et la vente des premiers enregistreurs de type HB. Pour ses recherches et son engagement, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur et recevra la médaille de l’Aéronautique. Il décèdera en service aérien commandé le 16 mai 1951, à l’âge de 39 ans, lors du crash de son appareil au cours d’un vol d’essai dans le Tarn. Il sera cité à l’ordre de l’aviation française par le Secrétaire d’Etat aux Forces Armées Air.
Adjudant Robert GIRALT (1920 – 1953), cet Ardennais né à Gué d’Hossus, n’était pas pilote mais à cependant contribué au développement de l’aéronautique, au point d’y sacrifier sa vie. En effet, cet ancien photographe navigateur de la 33è escadre de reconnaissance, puis parachutiste au sein du 1er Régiment de Chasseur Parachutiste fût reconnu pour ses grandes qualités physiques et opérationnelles et fût ainsi recruté au sein d’une unité d’élite dissoute en 2016 : l’ESOPE (Escadron de Survie Opérationnelle et de Parachutistes d’Essai). La petite dizaine de paras sélectionnés dans l’Armée de l’Air, de Terre et au sein du Centre d’Essais en Vol, avaient pour mission de tester en vol et en conditions d’urgence, les sièges éjectables, parachutes et équipements de survie en développement et en dotation dans l’Armée Française. C’est au cours d’une de ces missions, le 09 septembre 1953, que l’Adjudant GIRALT (brevet de parachutiste d’essai n°18 – 230 sauts / 507 heures de vol), sauta d’un Junker 52 au dessus du lac de Cazaux. Il était équipé d’un parachute EFA690/1 et décéda en service aérien commandé à l’âge de 33 ans. Il recevra à titre posthume la médaille de l’aéronautique avec la citation suivante : « Parachutiste d’essai dont les qualités de courage et de volonté sont à citer en exemple. A grandement contribué à la mise au point de nombreux parachutes et matériels de sauvetage, méritant ainsi la reconnaissance de tous ses camarades de l’Armée de l’Air. »
Crédit Photo : Espace Rozanoff
Les Ardennes conservent également le souvenir d’aviateurs émérites :
Capitaine Gaston MONTEZUMA (1881 – 1915): né à Rocroi (08), licencié en droit, diplômé des Sciences pénales et ancien élève des écoles de Saint-Cyr et de Saumur, il sera inscrit au tableau en 1909. Engagé en Capitaine-aviateur-observateur au sein de l’escadrille d’Armée n°23, il décèdera en service aérien commandé, le 22 novembre 1925 lors d’un combat aérien au dessus de la commune d’Aure (08) au retour d’une reconnaissance. Il sera promu à titre posthume Chevalier de la Légion d’Honneur et Croix de Guerre. Il est inscrit au sein du livre d’Or du barreau de Paris.
Comte Robert de BRUCE (1889 – 1917): Fils de Charles Hector François Prosper Robert et d’Anne Marie Mathilde Elisabeth, princesse de Croÿ. Ce lointain descendant des Rois d’Ecosse est né dans le Château familial d’Hagnicourt (08). Ancien élève de l’institut catholique de Paris, il fut promu au grade de Lieutenant-aviateur à l’âge de 27 ans. C’était un pilote de chasse reconnu au sein l’escadrille N°69, puis à la SPA75. Il a trouvé la mort aux commandes d’un Spad XIII au cours d’un glorieux combat aérien, lors d’un raid offensif dans les lignes allemandes le 11 septembre 1917 au-dessus de Consenvoye (55), où fut inhumé avec les honneurs militaires. Une croix en granit sur un socle en pierre fut érigée en son hommage par sa famille à l’endroit du crash. En 1974, suite à un remembrement, la croix est déplacée dans la chapelle de son château d’Harzillemont (Hagnicourt). Il fut décoré de la Croix de Guerre (deux palmes et étoiles) et, à titre posthume fût fait Chevalier de la légion d’Honneur.
Capitaine Robert Désiré DELOCHE (1892 – ??): Né à Charleville, cet aviateur civil a obtenu le brevet n°526 de l’aéroclub de France. Il participa aux prémices de l’aviation militaire en s’engageant dès 1911 dans le 25ème bataillon d’aérostiers du 1er régiment du génie. Passé en 1912 à l’aviation de chasse comme élève pilote, il obtiendra le brevet militaire n°313 à l’école d’aviation militaire du Crotoy. Affecté en tant que pilote sur biplan Caudron au sein de l’escadrille C11 jusqu’en 1915, il devient par la suite instructeur. En raison de son expérience et de son aptitude au combat aérien, il fut envoyé en 1917 sur le front d’orient pour intégrer la 1ère Armée Serbe. A l’issue du conflit, il fût affecté au 1er groupe d’aviation de l’Est à Metz. En raison des services rendus à la Nation, il sera décoré de la médaille militaire, de la Croix de guerre et fût nommé Capitaine.
Il était une fois des sangliers volants ayant pour devise « Ne recule, ni ne dévie »
L’un des escadrons de chasse les plus prestigieux de l’Armée de l’Air Française est intimement lié aux Ardennes ! Créé en mai 1939, puis dissout, l’escadron 3/3 avait pour mission de renforcer l’Armée de l’Air et participer aux combats de la seconde guerre mondiale. Suite à sa dissolution, il renait officiellement de ses cendres en 1943 par décision du Général de Gaulle. Il devient EC III « ARDENNES » en référence à la résistance des armées en Ardennes et au très fort sentiment patriotique des Ardennais. Le groupe rejoint alors l’escadrille de la Croix de Lorraine. Ses victoires et ses exploits restent aujourd’hui encore gravés dans l’histoire de « l’Air » . Dissout une nouvelle fois en 1946, cet étrange « phénix » renaît en 1950 ! Le désormais EC.III/3 Ardennes partira de nouveau au front en 1956 durant la crise du canal de SUEZ… avant d’être de nouveau dissout en 1957 ! Mais les sangliers on la peau dure, en 1974 l’escadron est réveillé et se pose pour de bon sur la BA133 NANCY-OCHEY. En 1984, 4 de ses Jaguars seront mis en alerte pour prévenir les offensives Libyennes au Tchad. En 2011, le 3/3 Ardennes ouvre l’offensive dans le ciel Libyen. En 2012, c’est le 3/3 qui mettra un terme au détachement Français de chasse en Afghanistan, avant d’être en première ligne dans l’opération SERVAL au Mali ! Aujourd’hui la dotation de cet escadron est composé de MIRAGE 2000D biplace dédiés à l’assaut conventionnel tout temps. Au regard de ses qualités opérationnelles et de ses faits de guerre l’escadron de chasse 3/3 « Ardennes » à reçu la croix de la valeur militaire avec palme de bronze et une citation à l’ordre de l’Armée aérienne.
Cette liste n’est pas exhaustive, de nombreux autres aviateurs professionnels, amateurs et constructeurs, certes moins connus, se sont cependant illustrés dans les Ardennes, par leur passion et leur investissement dans la conquête du Ciel.
Découvrez ici notre page historique dédiée aux incidents et accidents aériens sur les Ardennes.
Sources diverses dont : Sites web, archives en ligne et le livre « L’aviation dans les Ardennes » – G Deroche – ISBN 2-905339-07-1 (hors série de la revue TERRES ARDENNAISES ~ Juin 1986) , site Histoires Ardennaises